Chronique

Un cellulaire pour la rentrée

« Maman, faut que je te parle de quelque chose. »

Bon, ça devait arriver : fiston veut un cellulaire. En 4e secondaire, sans téléphone mobile, il est un véritable arriéré, m’assure-t-il. Et puis, avec son futur travail, ce sera quasi indispensable.

C’est vrai que près de deux ados sur trois ont un téléphone cellulaire au Canada (59 %). Déjà en 4e année du primaire, le quart des élèves a son propre appareil et le pourcentage grimpe à 85 % à la fin du secondaire, selon une étude réalisée il y a déjà trois ans par HabiloMédias, un organisme qui se consacre à la littératie numérique chez les jeunes.

Alors si votre rejeton réclame un téléphone pour la rentrée, voici quelques questions financières qui pourraient alimenter votre discussion.

EN AS-TU VRAIMENT BESOIN ? POURQUOI AU JUSTE ?

C’est la question de base : au prix que ça coûte, est-ce vraiment nécessaire ? Et pourquoi ? Beaucoup de jeunes partent magasiner un cellulaire sans avoir déterminé leurs besoins. Ils se retrouvent avec un forfait mal adapté qui leur coûte cher pour rien.

Pour certains jeunes, l’appareil servira surtout en cas d’urgence ou pour passer un coup de fil de temps en temps afin de rassurer papa ou maman poule. Mais d’autres l’utiliseront à toutes les sauces. Faites vos devoirs.

Qui va payer ? Jusqu’à quel âge ?

Un forfait intermédiaire de téléphonie sans fil coûte 75 $ par mois au Canada, en moyenne, selon le CRTC. Heureusement, il existe de nombreuses façons de réduire la facture de votre ado (voir onglets 3 et 4).

Mais la question demeure : qui paiera la note ? Vous ou lui ? Pourquoi pas une formule mitoyenne, un échange de bons procédés, du type : tu passes l’aspirateur, tu fais le gazon, tu déblaies la neige, et papa ou maman s’occupe de la facture du téléphone.

Pour lui permettre d’acquérir la discipline financière, le parent pourrait aussi faire payer les factures par l’ado, quitte à lui redonner l’argent plus tard lorsqu’il partira en appartement, suggère Sylvie De Bellefeuille, avocate et conseillère juridique chez Option Consommateurs.

QUI ABSORBERA LES EXTRAS ?

Soyez clair dès le départ si vous n’avez pas l’intention de racheter des minutes avant la fin du mois parce que votre enfant a épuisé sa carte prépayée trop vite, ou si vous ne voulez pas vous retrouver avec des frais de dépassement de son forfait mensuel. Dites-lui qu’il devra assumer tous les extras.

Certains fournisseurs, comme Koodo, permettent de bloquer le téléphone dès qu’on dépasse la limite, une excellente initiative.

Sinon, sachez que le fournisseur de services est obligé de suspendre les frais d’utilisation excédentaire de données lorsqu’ils dépassent 50 $ par mois, ou 100 $ lorsque le téléphone est en itinérance.

Malgré tout, de nombreuses familles qui ont un forfait partagé ont reçu des factures-surprises, car le fournisseur avait demandé à l’enfant son consentement pour facturer des frais additionnels. Ce n’est pas légal ! C’est toujours le parent payeur qui doit être avisé.

ET SI TU BRISES OU PERDS TON APPAREIL ?

Ne sous-estimez pas les risques de bris ou de perte du téléphone, surtout si vous avez un brise-fer ou un distrait dans la famille. Il suffit d’un rien pour fracasser la vitre d’un iPhone et je sais de quoi je parle ! Pourquoi ne pas investir dans un étui qui protège vraiment l’appareil de votre enfant ?

Petit rappel : si votre ado brise ou perd son appareil avant la fin de son engagement (généralement de deux ans), le fournisseur n’arrêtera pas le contrat pour autant.

« Vous devrez payer pour obtenir un nouvel appareil ou verser une pénalité pour mettre fin au contrat. »

— Sylvie De Bellefeuille, avocate et conseillère juridique chez Option Consommateurs

Certains fournisseurs offrent des garanties prolongées. Mais avant de payer le gros prix, n’oubliez pas que de nombreuses cartes de crédit doublent ou triplent la garantie du fabricant.

En outre, plusieurs des cartes de crédit du Mouvement Desjardins offrent gratuitement une assurance unique en son genre qui couvre jusqu’à 1000 $ en cas de perte, de vol, de dommages accidentels ou de défaillance d’un cellulaire.

PARVIENDRAS-TU À PAYER LES COMPTES À TEMPS ?

Si votre jeune s’engage à payer lui-même son cellulaire, il doit être conscient des conséquences très néfastes d’un paiement en retard. Les fournisseurs de télécoms peuvent couper la ligne des mauvais payeurs après seulement deux mois de paiement en retard ou 50 $ en souffrance. Le rebranchement risque ensuite d’entraîner des frais supplémentaires et un dépôt de garantie de plusieurs centaines de dollars.

Mais le pire, c’est que les fournisseurs vont mettre une mauvaise note à son dossier de crédit (et au vôtre si vous êtes cosignataire du contrat). Une mauvaise cote de crédit peut le hanter durant des années et l’empêcher d’obtenir un prêt à taux raisonnable pour l’achat d’une auto, par exemple.

Malheureusement, il y a un lien direct entre la possession d’un cellulaire et l’endettement chez les jeunes de 15 à 25 ans.

Sylvie De Bellefeuille voit des jeunes au début de la vingtaine qui ont accumulé des dettes auprès de plusieurs fournisseurs de sans-fil : « Ils ont fait tous les fournisseurs. Ils ont des dettes un peu partout. Ça hypothèque leur dossier de crédit », raconte-t-elle.

Tout ça pour un cellulaire !

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